11 Juin 2018
Pyramide de Maslow des besoins parentaux:
1. Le Sommeil.
Hey Yannick on the Rocks, je vais te parler d'un temps que tu ne peux plus connaître... Fais un effort de mémoire... Te souviens-tu lorsque tu enfouissais ton visage dans mes plumes? Insouciante goulue! Tu prenais tout ton temps pour me baver copieusement dessus. Et moi, ton oreiller, j'adorais ça. Plus tu ronflais, meilleur c'était (d'ailleurs les soirées fondue remportaient toujours la palme).
On était de vrais BFF. Alliés pour la plupart de nos nuits, des plus folles au plus piteuses, Since 2003. Quelques autres coussins - plus ou moins moelleux, mais loin de moi de juger - se sont glissés à nos côtés. Puis il y a eu l'actuel, avec qui le lissage de plumes semblait particulièrement réussi et qui s'est un peu éternisé, puis même incrusté! Un soir, je n'y même pas vraiment prêté attention - je m'en mords encore les doigts! -, mais vous avez échangé des confidences qui ont tout bouleversé.
Sur la table de chevet, la plaquette de pilules a commencé à prendre la poussière.
Puis, désolé de le dire, mais tu es devenue très pesante. Kilo après kilo, quelle charge tu m'as mis! Mais je t'ai supporté. D'autant que tu te levais sans cesse pour aller aux toilettes. A peine revenue, tu pestais déjà: "Comment c'est possible j'ai encore besoin!! Il ne peut pas enlever sa tête de ma vessie??". Et puis une longue saucisse a fait son apparition dans notre lit. Oui, tu sais, Rudolph, le coussin de maternité. Tu le plaçais dans tous les sens et tu t'enroulais même autour comme une lamentable baleine échouée.
A cette époque-là, le père et toi parliez aussi beaucoup du futur.
"Apparemment la meilleure méthode pour stériliser les biberons c'est au chalumeau."
"Ah, ça tombe bien y a un chalumeau spécial bébés en ce moment sur Qoqa."
"Ouf. Mais tu sais, ça me stresse toutes ces choses à préparer... Je sais pas si on va y arriver."
"T'inquiète, ça va aller... Ça doit pas être si difficile. Et on est cool, y a pas de raison qu'on le soit plus avec un enfant".
Ha. Ha. Ha. Stupidement, je vous croyais. Pourtant nous étions à l'aube d'un cataclysme.
Car aujourd'hui, il y en a bien un qui dort à sa guise.
Mais ce n'est pas toi.
Ni le père.
Dès l'arrivée de Mini, fini les longues nuits. Tu bondissais, au moindre vagissement en provenance de la chambre du petit. Tes absences duraient longtemps. Tu revenais toute tachée de lait et de morve. J'en venais même à me considérer comme chanceux lorsque tu ne bougeais pas 3 heures d'affilée.
Quelle hérésie toute cette énergie gâchée alors que le monde entier invite à la douceur et au repos! Qui plus est, le matin j'écope encore et toujours de ta mauvaise humeur. Je n'ai rien gagné au change.
Sans compter le coup de grâce.
Car aujourd'hui, Mini, devenu mobile, se glisse à tes côtés - sur NOS plumes ! - à la moindre occasion. A ce sujet, il faut qu’on parle. Je veux bien que tu me baves dessus, je prends cela comme une forme de reconnaissance et de travail bien fait. Mais, lui, il a le nez qui coule en permanence ! Eté comme hiver ! Et je me trouve tout gluant. Ça ne se fait pas, c’est tout. Ça me colle le duvet comme un vieux pigeon de rue.
Le pompon: le matin lorsque le père et toi vous réjouissez, la mine hagarde, les yeux vitreux. "Il a fait sa nuit!" C'était si absurde, j'en ai presque ri: on ne fait pas une nuit, on la savoure. Voilà le B.A.ba de tout oreiller professionnel. Vous sembliez heureux, comme si vous aviez oublié toute cette torture raffinée, tirés encore et encore de votre sommeil par de terribles hurlements.
Hé bien, moi je n'oublie pas ! Mes plumes restent figées, en état d’alerte. Elles ont perdu tout leur moelleux, consumées d'anxiété. Je ne sais pas si je m’en remettrai. Ne me trompe pas de tes excuses. J'ai bien compris que la menace était dans la place. À tout jamais.
J'ai même entendu des gens vous demander si vous en vouliez un deuxième. J'espère que vous n'y songez pas. Quelle drôle d'idée de compromettre sciemment notre sommeil. En tout cas, je te préviens! Je surveille la plaquette de pilules. Si elle recommence à prendre la poussière, je te les glisserai moi-même dans la bouche pendant la nuit, ni vu ni connu!
Pffff.... Au milieu de tout ça, heureusement que j'ai mon rayon de soleil. Tu sais, parfois ton Mini emmène son oreiller dans notre lit. Ce coussin version miniature me fait sourire malgré l'épuisement. Je lui ai montré comment bien gonfler ses plumes pour offrir le plus doux des repos. Sais-tu qu'il a fait d'énormes progrès dans sa façon de se poser sur le lit? Il me fait littéralement fondre de fierté. Alors je me dis que la vie est bien belle à trois oreillers.
Photo 2 by Sadık Kuzu on Unsplash
Blogueuse décalée et dévouée aux "Parents mais pas seulement".
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