31 Octobre 2018
Dans la série "Freddy et les griffes de la nuit", "Freddy tue tous tes amis", "Freddy te poursuit", j'appelle le petit dernier:
"Freddy te demande: Alors ce deuxième, c'est pour quand?"
Si vous avez un enfant en bas âge, vous avez très certainement déjà entendu cette phrase - ô combien déprimante. A peine sorti du ventre, on vous bassine déjà avec la suite des réjouissances. Parce qu'un seul enfant, c'est égoïste! Et il va s'ennuyer. Il vaut mieux enchaîner, comme avant que la pilule et le libre choix existent. A quoi bon de toute façon, puisque quoi de plus épanouissant que la maternité?
Je n'ai rien contre les deuxièmes, les gens qui ont envie d'avoir des enfants rapprochés, ni contre les gens qui posent des questions (j'en pose moi-même passablement). Car on est toujours libre de répondre ou pas, ainsi que de faire quelques pirouettes pour échapper à un indiscret interlocuteur.
Car il y a ce moment un peu fou - qui arrive généralement la nuit de Halloween - où, tout d'un coup, vous vous sentez persécuté par cette question récurrente. Vous gériez, mais voilà que vous glissez dans la paranoïa... Vous vous retournez d'un coup sec, haletant et méfiant. C'est sûr, on vous suit, on vous poursuit!
Dans votre cauchemar, une muraille de grandes courges, entourées d'un escadron de petites courges, est à vos trousses. Toutes la bouche grimaçante, la bave aux lèvres, les yeux en feu! Et vous avec votre unique petite courgette accrochée au bras, vous ne faites pas le poids!! Vous priez pour vous réveiller, mais vous trébuchez encore et encore dans des masses visqueuses de pépins orange aussi gluantes que du méconium.
"Alors ce deuxième? Tu n'aimes pas les enfants?"
Un frisson vous glace lorsque devant la pleine lune vous voyez d'un coup tous vos ancêtres se lever de la tombe comme un seul homme, vous regarder droit dans les yeux de leurs orbites béantes, et pointer une phalange osseuse sur votre bosse ventrale (c'est du gras, si jamais):
"Ça te fait quel âge déjà? Ce deuxième, c'est pour quand?"
Et vous courez, glissez, en vous bouchant les oreilles. Dans un nuage diabolique surgit devant vous la petite dame du bus que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam, mais qui exige de savoir, voletant sans relâche autour de vous avec ses ailes de chauve-souris:
"Alors ce deuxième, il est en route?"
Car il existe déjà ce(tte) petit(e) deuxième, imaginé, conçu par toute une société. L'inconscient collectif a un plan tout à fait bien établi pour ce que doit faire votre petite personne. D'ailleurs, en ce 31 octobre, on va vous l'implanter directement dans le ventre lors d'une cérémonie expiatoire. Vilaine, vous avez voulu vous débiner? Attendre? Tromper la loi tacite qui fait de la femme une procréatrice avant tout, et de l'enfant unique un damné pourri-gâté? Tremblez, les entrailles de la terre vont s'ouvrir pour punir à jamais tant d'infécondité.
Mais résistez! Armez-vous de plaquettes de pilules, préservatifs et autres stérilets et remontez à la surface. N'ouvrez à personne, surtout pas à de malins enfants. Et sauvez ce qui vous reste de sérénité, grâce à mes imparables conseils.
Pirouettes en libre utilisation, à usage de monopares excédés:
"Nullipare, monopare, multipare* et même célibataire** pour toujours,
C'est peut-être le cauchemar des autres,
Mais pas le nôtre!"
* Nullipare=femme qui n'a jamais enfanté, monopare=femme qui a enfanté une fois, multipare=femme qui a enfanté plus d'une fois. L'équivalent masculin n'existe pas (je dis ça, je dis rien).
** Toute ma compassion va également vers les familles de trois enfants et plus, et qui entendent si souvent "Ça va, ce n'est pas trop dur?" ainsi qu'aux femmes dans la trentaine, qui ne sont pas en couples - volontairement ou non - , n'ont pas d'enfants - volontairement ou non - et qui récoltent moult commentaires.
Blogueuse décalée et dévouée aux "Parents mais pas seulement".
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