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FreeMyPilosity

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Pyramide de Maslow, version Besoins Parentaux:

2. Prendre soin de soi.

Dans le dernier billet publié sur ce blog, mon oreiller s'octroyait une tribune libre. Souvenez-vous, il en avait profité pour largement se plaindre ! Ce coup d'éclat m'a rendue attentive à sa santé mentale visiblement vacillante. Je dirais même que depuis je le surveille de très près. Parce qu'il me rappelle un peu trop les objets maléfiques qui peuplent les romans de Stephen King. 

Tant de détresse m'a aussi mis la puce à l'oreille. Il y avait peut-être d'autres burn out  en cours parmi les objets de l'appartement ! J'ai donc prêté ladite oreille, un soir, bien au calme, à une heure que je vous laisse deviner - l'heure du coucher de Mini n'étant pas le (vaste) sujet. (Mais sachez que tous les derniers bisous avaient bien été donnés, les multiples verres d'eau bus et les pipis consécutifs envoyés au fond des toilettes. Oui, ok, il était 21h30.)

Tout d'un coup, depuis la salle de bain, ma brosse à cheveux a ouvert le bal des plaintes. Elle a commencé à ronchonner. "Comment peux-tu ne pas voir  avec  ces cheveux blancs sur ton front ? Ils me foutent le bourdon! "  Ensuite l'épilateur, rasoir évidemment,  m'a rappelé d'une voix coupante que mes jambes piquaient davantage qu'un humoriste français (! je ne lui connaissais pas une telle culture télévisuelle). Enfin ça a été le tour de la pince à épiler, qui ricanait en douce sur l'état de mon compte en banque moins fourni que mes sourcils.

Toutes ces voix d'objets de salle de bains ne s'élevaient malheureusement pas pour dénoncer l'esclavagisme des femmes vis-à-vis de leur apparence. Ce qui aurait été une grande avancée pour la moitié de l'humanité. Mais réclamaient ma remise à niveau au standard esthétique et social. "Non aux poils aux pattes veille ourse!" 

Parce qu'il n'y a pas que l'apparence dans la vie d'une femme parfaite, d'autres voix se sont jointes. Les livres, d'abord, à moitié étouffés sous la poussière. Comme un essaim funèbre, volaient dans les airs les bandes-annonces des films manqués au cinéma. Non loin suivaient autant d'expositions jamais vues et de voyages en suspens, par manque de temps et d'argent (dilapidé en pampers)

Et mes baskets, sans taches faute d'avoir connu le bitume, regrettaient mes envolées passées de jogging régulier. Tout était parti au galop avec la grossesse. Et j'en passe. Dans l'appartement, absolument tout et n'importe quoi vidait son sac. Les chaussures à talon regrettant de ne plus pouvoir me faire de cloques (les s***!! Je savais qu'elles faisaient exprès!!). Et même mon tapis de yoga, sur lequel seules les mouches se promenaient encore la tête en bas. 

Le pire, c'est que je savais qu'ils avaient raison. Honte à moi, qui refusait ça, mais j'avais bel et bien laissé tombé ma vie d'avant. Et ma nouvelle vie, parlons-en, anti-glam et complètement à côté de la réalité.  (D'ailleurs, je crois bien que j'ai loupé une crise économique mondiale).

Heureusement, parmi tous ces pleurs d'objets, il y avait un humain qui dormait béatement, Mini. Comme un papillon posé sur un oreiller, rose de sommeil. Mon coeur s'est gonflé d'un coup. Ok, je n'avais pas vraiment eu le choix de me concentrer sur son bien-être - mais faisons comme si, je vous en supplie.

Et sincèrement, je m'en fichais de ne pas m'épiler (#FreeMyPilosity). D'ailleurs d'où venait ce délire anti-poils féminins? FKK* represent. Alors je me suis préparé un bon petit mojito dans un biberon de Mini, j'ai tourné mes talons secs et pleins de corne et je suis allée regarder ma série favorite du moment. Il était l'heure de ne rien faire, aussi étourdissante qu'un bon cocktail. Mes jambes piquantes accrochaient sur le tissu du  canapé, mais je m'en fichais. Dans quelques mois mon pelage serait redevenu tout doux. Le Mini dormait du sommeil du tyran juste, et moi je me détendais.

J'ai quand même ajouté "Prendre rendez-vous chez le coiffeur" dans ma to do list de la semaine.

 

Photo by Billie on Unsplash

 

P.S. J'ai fini par aller chez le coiffeur, presque deux mois plus tard après ce billet. Mais en payant l'ardoise horriblement salée, je me suis dit que j'allais plutôt me remettre au maternage fusionnel.

 

*Frei Körper Kultur 

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Yannick On The Rocks

Blogueuse décalée et dévouée aux "Parents mais pas seulement".
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