9 Novembre 2014
Comme plein d'autres humains, et pas seulement français, je me pose parfois des questions sur l'égalité. Celles des hommes, en général sur la planète, ou alors des sexes. Future maman, je me demande aussi ce qu'il en est de l'égalité dans la parentalité. Pas spécialiste en la matière, juste en plein dans le bain, j'ai observé ce que mon entourage et moi-même vivions, en tant que FJPSCM (Futurs ou Jeunes Parents Suisses Romands de Classe Moyenne).
"Alors tu vas baisser ton pourcentage de travail?"
Question récurrente à la future maman. Jamais au futur papa.
Cette demande - quasi une prophétie auto-réalisatrice - s'accompagne souvent de: "Tu verras, tes priorités vont changer." Sous-entendu: "Personne ne va te forcer. De toi-même tu choisiras de consacrer du temps à ton bébé. Probablement au détriment de ta vie professionnelle. Mais c'est bien normal. Tu verras, ça ne fait même pas mal. D'ailleurs tu n'as pas vraiment le choix, c'est ta nature." Et peut-être celle que la société attribue automatiquement à la femme, non?
Pour illustrer la nuisance potentielle du concept, voici ce qu'a entendu une amie de la part d'une voisine: "Ah, vous travaillez à plein temps? Pourtant, votre enfant n'a pas l'air trop malade". sic!
Bien sûr, la question est importante. Les parents doivent prendre soin de leur(s) enfant(s)! Chacun fait ses choix de couple et d'organisation, mais un enfant reste une création commune. Oui, "NOUS avons donné la vie à un nouveau petit humain. NOTRE vie va changer, NOS priorités, NOS responsabilités."
Même sans ventre-aquarium ni montée de lait...
Le papa peut lui aussi souffrir de laisser son bébé à la maison. Pourquoi n'aurait-il pas envie de passer du temps avec lui et de le voir grandir? Pourtant on lui demande rarement s'il diminuera son occupation professionnelle après la naissance. D'ailleurs, il est généralement admis qu'un tel choix serait mal perçu en entreprise. Et que c'est un risque qu'il n'a pas besoin de prendre (vu que la femme peut/doit, elle, mettre sa carrière entre parenthèses et que c'est moins grave). Et après, autour de la quarantaine, bizarrement, les femmes manquent aux postes de direction.
Par contre, certaines femmes consacrent beaucoup de temps à leur enfant et peinent ensuite à laisser sa place au père. Car si elles perdent la dévotion totale de leur progéniture, que leur reste-t-il? Oui, cela ressemble bien à un serpent qui se mord la queue!
En forme de solution, favoriser la possiblité de taux réduits et de congés parentaux pour tous. Et faire respecter le choix du travail et du taux d'occupation (ça s'appelle l'éducation et ça commence très tôt).
Et si devenir mère renforçait la crédibilité professionnelle?
Par convention tacite, l'homme bénéficie d'un autre acquis: son statut de père légitime son travail. Pater familias aux responsabilités élargies, il inspirera davantage confiance, avec une aura de sérieux et d'expérience. Cela fait presque rêver: si les femmes en bénéficiaient, elles aussi? Dans ce monde magnifique, la maternité ne serait plus perçue comme un handicap en termes de disponibilité, mais plutôt comme un atout. Sans mentionner la capacité de multi-tasking, digne d'un chef d'entreprise, dont font preuve certaines mamans.
Par contre, sur les épaules de l'homme, la société peut faire peser d'autres poids très désagréables. Subvenir aux besoins de toute la famille tu devras! Une situation tout autant déséquilibrée, qui contribue elle aussi à déresponsabiliser les femmes et à les éloigner du monde du travail. Une répartition très culturelle, car je vous garantis que, dans de nombreux pays en développement, la femme trime pendant que le mari boit du thé (par contre il empoche bien le fruit du travail de sa douce moitié).
Les FJPSRCM ont la chance de pouvoir se poser ces questions
Je me suis aussi rendue compte que je faisais probablement partie de la population favorisée qui pouvait se poser ce type de questions. Puis me suis demandée si les familles qui peinaient avec de petits salaires faisaient face à de telles demandes de la part de leur entourage ... "Oui, je travaille moins, mais on mange moins aussi!"
Mais terminons plutôt sur un slogan optimiste: "Tous Humanistes!" (Plutôt que Féministes ou Machistes).
Car, aujourd'hui, être un homme ou une femme éclairé, c'est accepter de vivre dans cette société évoluée qui garde quelques oeillères. Et en tirer le meilleur, afin de créer les opportunités, pour soi-même comme pour les autres.
Blogueuse décalée et dévouée aux "Parents mais pas seulement".
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